page d'accueil

J'ai moins de temps de faire des critiques car je prépare des concours...Désolé!...

Mais il ya toujours les critiques de la saison 2000-2001...

Billy Elliot *** (Dancer), de Stephen Daldry, 1h50. Dynamique, social et militant pour la cause homosexuelle, la tolérance et surtout, la danse.

La vie n'est pas rose dans le nord est de l'Angleterre charbonnier des années Thatcher. Pas rose, non, plutôt gris, et noir charbon. Dans les conflits sociaux des mines, on lutte, on se bat, parfois dans le rouge sang, et on brûle les pianos pour se chauffer.

Vraiment, non, le rose, ce n'est pas la vie des mineurs. Tout comme la danse, "un truc de pédés"…La jeunesse d'un mineur, c'est la boxe…mais Billy, lui, il veut danser! Après le cours de boxe, Billy préfère le cours pour les filles, un cours de danse classique. Et il est doué!

Conflit inévitable devant cette carrière impensable, indicible, honteuse. Le tout est de convaincre son père et son frère de son don, et de passer un concours d'admission à l'école de ballet royal. Ses complices: sa grand-mère, pittoresque retraitée sans le sou, frappée de la maladie d'Alzheimer, et qui "aurait pu être une danseuse professionnelle." La professeur de danse surtout, mais aussi un voisin de dix ans, homosexuel et travesti, qui a le mérite de faire contraste: le message est clair: Billy, il n'est pas homo!

Voilà donc un film militant, pour montrer que la danse n'est pas qu'un truc de filles ou de travestis! Ouf, ce dernier personnage est d'une humanité et d'une intelligence qui font éviter le cliché de la folle! Et Billy celle de ne pas le rejeter! Une tolérance de bon aloi se dégage donc à l'égard des homosexuels. Tant mieux!

Un film militant aussi parce que tout n'est pas réaliste. Tout est même un peu trop facile: au lieu de agir brutalement, comme pourrait le permettre le contexte social, la famille de Billy reconnaît vite ses dons. Pas d'entêtement, contrairement au mouvement de grève des mineurs. Juste un constat d'échec social dans la mine, et d'espoir dans la danse. Pas de violence physique contre Billy, ni bastonnade. Juste de l'amour paternel et fraternel. Le cinéma est conscient de son influence, et un nouveau code moral et comportemental, presque idéal, est défini ici. Nul doute qu'il atteindra son but: le happy ending final a de quoi réconcilier les Anglais avec les gays, les non gays et la danse!

Des vocations?

 

In the Mood for Love ****, par Wong Kar-wai, 1h34, avec Maggie Cheung et Tony Leung.

Drôle d'idée que de donner un titre en anglais pour un film tout ce qu'il y a plus Hong-Kongais...Il est vrai que l'on parle encore la langue de Shakespeare dans l'île aujourd'hui chinoise, mais le titre chinois du film étant illisible par les Européens, on aurait pu traduire en français et jouer un peu sur le thème de "humeur et amour"...

 

Titre crucial en fait: mood désigne à la fois l'humeur, l'envie, et l'atmosphère, l'ambiance. Et le film est un condensé de tout cela. Humeur d'amour : c'est la liaison qu'entretiennent leurs époux respectifs qui poussent deux voisins trompés (Sue Lizhen, Mme Chan, Maggie Cheung et M.Chow, Tony Leung) l'un vers l'autre. Tout un travail psychologique commence alors pour eux : comprendre les raisons de leur malheur conjugal.

M. Chow (Tony Leung) et Mme Chan (Maggie Cheung)

 

Jeu dramatiquement intéressant, où l'on ne sait jamais trop si les personnages sont eux même acteurs de leur propre relation ambiguë. Un amour implicite naît de cette relation subtile.

Un scénario mélodramatique original, même si la suite de l'histoire s'embourbe avec un voyage à Singapour, qu'on aurait pu éviter sans perdre rien en intensité.

Mood: l'atmosphère. C'est surtout l'extraordinaire beauté des images qui fait la qualité du film.

 

Esthétisme: tout est pensé pour faire beau. Couleur et lumière parfaite, une musique latine chaloupée comme les démarches en cadence des amants années 60. Et surtout l'économie des images. Du grand style, rien de superflu dans les cadrages! Les époux adultères? jamais montrés à l'image, seulement entendus ou vus à travers de furtifs jeux de miroirs...Une descente d'escalier? une simple main qui frôle une rampe. Hésitation à sonner chez l'amant? une main qui carresse la sonnette.

 

Sensualité maximale, superbement servie par la plastique et svelte Maggie Cheung, qui fait ainsi son quatrième film avec Kar-wai...dans des robes sompteuses, aux cols altiers... Toute une atmosphère des rues sales et grises de Hong Kong transfigurée par l'amour et les images de Kar-wai!

Un régal!

Fast Food Fast Women***, de Amos Kollek , 1h38

L'amour du bon vin et des femmes, un thème éternel...mais compatible avec les fast food? Comme si dans cette Amérique où tout va vite, ou l'on mange en coup de vent dans des restos assez froids, on ne pouvait que trouver des femmes faciles, rapides!...

Eh bien non, ! Et tant mieux! Dans cette petite comédie de moeurs new yorkaise, tout nous montre l'humanité de cette population d'immigrés de longues ou fraîche date. Bref, dans les fast food de New York, on trouve la même population que dans les bistros méditerranéens: de vieux brigands qui ne rèvent que de plaisirs rapides avec les serveuses qu'ils n'auront jamais...jusqu'à ce que...ils avouent leurs sentiments, et osent !

C'est surtout le personnage de la serveuse, qui nous enchante. C'est quelle est désarmante de fraîcheur, cette Bella (Anna Thomson)! Elle qui conseille si bien, elle se laisse mener, et attend ses 35 ans dans la terreur de n'avoir pas trouvé l'homme de sa vie. Elle passe par toutes les concessions, fait croire qu'elle déteste les enfants pour ne pas faire fuir Paul, le nouvel élu et...

   
 

Et puis, il ne vous reste plus qu'à aller voir ce film très réussi! Un peu de lenteur pour nous signifier la longue attente (pensez donc: 35 ans!) du bonheur, et une accélération très Fast Food Fast Women, un bon titre dont l'auteur se glorifie par un personage interposé.

Un petit monde de personnages très attachants et New York l'été, tourné comme un petit village! Jack pot final (chut, je n'en dis pas plus!...): le film finit avec une légère dose de happy ending! Dynamisant!

 

Gladiator ***, de Ridley Scott , 2h35

Le péplum: un genre qu'on n'avait pas vu depuis longtemps au cinéma, et qui a fait les samedi soirs des années 50 et 60. Genre ambitieux qui a bien vieilli et qu'il est périlleux de reprendre. Ridley Scott s'y attache avec un résultat plus que satisfaisant, et qui plaira aussi beaucoup aux amateurs d'action violente. C'est que l'hémoglobine y coule à flot, ce qui est assez insoutenable, il faut bien le dire, mais qui insiste sur la violence de la période.

L'histoire est simple: juste avant sa mort, Marc Aurèle, empereur romain de 161 à 180, charge Maximus (Russel Crowe), un général de l'armée impériale de remettre de l'ordre dans une Rome corrompue. Il doit succéder à l'empereur mais Commode (Joaquin Phoenix), qui sent son pouvoir menacé, tue son père Marc Aurèle et devient César. Nous sommes donc en 180. Condamné à mort, Maximus s'échappe mais est fait prisonnier: ses talents de combattants font de lui un gladiateur parfait. C'est l'arène et la plèbe qui lui donnent la force de mener son combat rendu légitime par Marc Aurèle, et de tuer Commode.

Un brin de fantaisie historique, donc, pour cette histoire finalement très américaine. Ouf, Maximus ne devient pas César, et il reste un semblant de vérité historique !

Mais les détails sont soignés, ce qui est un plaisir: mention des dieux du foyer, les pénates, présence de noirs dans le décor, beauté de paysages de Toscane, vision de l'étendue de l'empire, du front germain, dans la neige, aux déserts du nord de l'Afrique. Le plus frappant : les reconstitutions par ordinateur de Rome, et du Colisée. Impressionnant!

Là où le film est très américain, c'est que comme d'habitude, les Etats-Unis se comparent directement à Rome, et mettent en place une série de parallèles évidents: mise en avant des minorités contre un pouvoir fou et écrasant, goût de la violence… Comme par hasard, Maximus est espagnol, enfin…hispanique! Et il est secondé par un noir. Ajoutez l'aide d'un sénateur gay et vous obtenez les minorités influentes d'Hollywood!

D'ailleurs, la clé du film est hollywoodienne, puisqu'il faut avoir l'appui de la plèbe, de la foule, du public pour gagner le pouvoir... Le public a toujours raison! J Une musique un peu aseptisée et un brin arabo-andalouse lui sert quelques visions new age de l'au-delà et des Champs Elysées, l'empire des morts…. Mais surtout, certaines scènes sont des clins d'œil au genre du péplum hollywoodien: course de char à la Ben Hur, princesse allongée à la Cléopâtre…D'autres clins d'œil: Maximus ou Commode ne seraient-ils pas un ancien genre de serial killer à la romaine? J

On déplore le régime strict et la beauté 20ème siècle de Lucilla (Connie Nielsen), sœur de Commode : une vraie matrone devrait avoir plus de poids, au propre comme au figuré! Les autres acteurs sont physiquement plus crédibles. Tous sont assez convaincants, même Joaquin Phoenix, qui prend le partie d'un Commode psycopathe, tyran frustré de l'amour de son père.

Des scènes superbes, même si la violence, on le répète, est -oserais-je ce mot?- éclaboussante ! De très belles images, aussi…

 

American Beauty** , de S. Mendes

Faussement réaliste, faussement paradoxal et contestataire. Chronique d'une petite bourgade américaine, comme on en trouve tant dans ce pays, et qui fait la part belle à des acteurs excellents. Chronique de moeurs qui se veut à la fois représentative et sulfureuse, comme si l'Amérique s'analysait, réglait ses comptes avec elle-même. Pourtant, un doute plane: l'Amérique ne ferait-elle pas ici encore la preuve de son goût pour l'extrême, en nous montrant une outrance finalement peu crédible?

Jugez plutôt: un couple fatigué par le mariage et le conformisme petit bourgeois se défait devant les caméras du fils du voisin, amoureux de la fille du couple. Le mari frustré tombe amoureux de la meilleure amie de sa fille pendant que sa femme s'éclate dans les bras d'un agent immobilier. Jusque là, le film est réussi.

Ca se complique quand on comprend que le copain de la fille est dealer, et fils d'un néo nazi homosexuel refoulé. Ce dernier rejette son fils en le croyant avoir une liaison homosexuelle avec le voisin…Oui, oui, le mari paumé qui se réveille au monde en découvrant qu'il est amoureux de la meilleure copine de sa fille…Vous suivez toujours??

Une esthétique presque botticellienne pour l'adolescente américaine: une venus anadyomène et des pétales de roses...

Bref, heureusement, le film s'arrange pour que tout ceci soit clair, comme une série B améliorée (bien développé, ça pourrait donner dans les 4000 épisodes...), mais avec un jeu d'acteur excellent, notamment Annette Bening, entre scène d'amour hystérique ("baisez-moi, sa majesté!") -assez hilarante-, et séance de méthode koué -plutôt tragique- en voiture ("je refuse d'être une victime"…), ou encore Kevin Spacey, en père à la vie amoureuse et sexuelle frustrée dont la sensibilité et la gentillesse grandit à mesure que le film avance, comme pour nous le rendre sympathique à l'heure de sa mort, quand tous sont contre lui.

L'erreur du film, tomber dans le genre noir. Action touffue: le réalisateur ne sait plus comment tenir sa promesse initiale: tuer le père...Compliqué et confus...

Car ils s'y mettent: sa fille le veut mort, sa femme "refuse d'être une victime", et son voisin homosexuel refoulé, dont la honte et le refoulement ressurgissent avec encore plus de drame lorsque sa relation avec son voisin se révèle impossible.

Un bon jeu d'acteur chez les jeunes, aussi…

Et des images assez belles, notamment un jeu sur les effets de l'amour qui transforme tout en tapis de rose. Esthétique qui exprime le monde intérieur du père.

 

Esthétique qui nous montre la beauté des choses, puisque tel est le but du film et du jeune voisin, le filmeur. Un maniaque de la caméra (photo), artiste très baudelairien, mais en moins bien, du genre "donnez moi votre boue, et j'en ferai de l'or"…Une boue américaine un peu caricaturale, qui repose sur des traits exacts de la société américaine, mais accentués et tous superposés à l'extrême, donc…

On notera donc des travers peu nouveaux de la société américaine: goût des armes à feu, de la violence, de l'argent, voyeurisme, délation, extrême droite et intolérance, jeu du refoulé, désir de mort. L'ironie du film consiste à nous faire penser que seul le couple de voisins homosexuels est normal, ce qui induit qu'il ne le serait pas…En fait, si! il est normal, mais cela n'a en fait rien de paradoxal, contrairement à ce qu'on veut nous faire penser…La morale bien pensante de la petite bourgeoisie américaine que le film veut ici dénoncer est donc toujours là, quand on creuse bien...

Un film en demi teinte, sauvé par l'esthétique et les acteurs, mais c'est une Amérique qui se surestime un peu dans son potentiel tragique, et qui, faute de s'exorciser , retombe dans son goût pour la représentation de ses extrêmes.

   
 

****Sleepy Hollow, de Tim Burton

Une petite bourgade hantée du nord de l'Etat de New York, à la fin du XVIIIème siècle. Des meurtres mystérieux.

On retrouve des corps décapités, on ne retrouve jamais les têtes des cadavres...Un détective engagé au nom de la justice et de la science, incarné remarquablement par Jonnhy Depp, est chargé de mener l'enquête, à la recherche du matériel qui se cache derrière ce semblant de surnaturel.

C'est là la surprise: le crime est bien motivé par une sombre histoire d'héritage, mais le surnaturel survient là où on s'y attend pas.

Le roman noir, inspiré de l'esprit gothique anglais, ressurgit donc en pleine Nouvelle Angleterre, et les Lumières ont du mal à percer les brouillards épaix et gris en cette période troublée. La qualité du jeu de Jonnhy Depp, plus celle des images, à l'esthétique très noire, suffit à aller voir le film, dont on déplorera une dernière péripécie quant au véritable coupable de la machination. Attention aux âmes sensibles, car le sang coule à flot..et le cavalier est ...SANS TETE !!!!!

Amateurs de films d'horreur, et de policiers bien fichus, précipitez-vous!

 

Sixième Sens ****

de M. Night Shyalaman

Attention, ce film vous prépare une petite surprise! Il pourrait aussi réveiller quelques angoisses refoulées depuis la mythologie grecque: et si les morts qui n'avaient pas vraiment réglé leurs comptes ou qui n'étaient pas enterrés erraient sans fin?

A la limite, on pourrait ne pas être concerné. C'est la différence du film: un petit garçon, lui, il les voit, les fantômes!!

De quoi plonger son psychiatre dans l'incompréhension...jusqu'à ce que ...chut! Je ne vous dis plus rien, sauf qu'enfin Bruce Willis sort de ses rôles de brute et que le petit garçon est remarquablement interprété.

 

Accords et Désaccords ** de Woody Allen

Chronique d'un musicien de jazz dans les années trente aux Etats-Unis. Un moment agréable dans un univers typique de Woody Allen, des personnages hauts en couleurs et des interprétations parfaites. Le tout manque un peu de peps, sauf si on aime la guitare jazz...

Samantha Morton, la muette amoureuse du musicien égoiste, à qui elle ne peut pas faire d'ombre , sauf par la grandeur de son âme, est vraiment attachante.Uma Thurman nous joue son cinéma, et on en redemande!

  Himalaya: l’enfance d’un chef ***** de E.Valli

Franchement, allez le voir! Vous vous assurez un voyage initiatique dans une région comme on n ’en trouve plus beaucoup sur terre depuis que les fast food envahissent le territoire. La vie est rude, les paysages magnifiques. Honnêtement, on ne pourrait pas vivre longtemps dans un univers aussi hostile, mais c’est justement cela qui force l’admiration pour un peuple qui ne fait pas que s ’adapter, mais qui lutte contre l’environnement, le tout dans une quête de sagesse. Un récit de voyage très impressionnant, et tout simplement beau.

 

Dans la peau de John Malkovich ***** de Spike Jonze

Enfin ! Les Américains nous donnent avant 2001 une des merveilles de cette fin de siècle, et déjà, on sait que c’est un chef d’ œuvre!

L’ histoire est cocasse, mais terriblement profonde: et si soudain, on pouvait prendre possession du cerveau de quelqu’ un, jusqu’ à se servir de son corps comme d ’une marionnette?

Que ferions-nous?

Les personnages du film trouvent un débouché économique évident : ils font payer le voyage à prix d ’or à un public en manque d ’émotions fortes ou en proie au désir de changer de corps un instant.

Mais au-delà de ce biais mercantile tout à fait typique de la mentalité américaine, au-delà de l'exploitation des tendances schizophrènes de chacun, un artiste marionnettiste qui prend possession de la tête de John Malkovich s ’interroge: la portée d ’une telle découverte remet en question l’être humain.

Sommes-nous tous dirigés par des forces inconnues ou du passé? Pouvons nous trouver dans cette incarnation un remède à la mortalité? Ne portons-nous pas dans notre cerveau le poids de nos ancêtres, qui resteraient immortels en utilisant nos corps comme des réceptacles incapables de vivre de manière autonome? Serions-nous des victimes?

 

Bref, le filme surfe sur la question de la séparation de l’ âme et du corps, avec comme objectif la prise de possession de l’âme, comme si en découlait de facto la maîtrise du corps. Le sujet est traité de manière comique, légère, ce qui lui donne encore plus de force.

Lorsque John Malkovich, qui joue son propre rôle, empreinte le chemin qui mène à son cerveau, au fin fond d ’un bureau coincé dans un demi étage où chacun se déplace courbé en deux, et qu ’il découvre un monde peuplé de John Malkovich, le filme tourne au vertige. L’effet est hilarant. Le réalisateur aurait pu finir sur cette mise en abyme malkovichienne, en une sorte de clin d ’œil final, mais choisit de pousser plus loin, sans jamais déraper, et dans des situations les plus inattendues. Un régal!

Tout n ’est donc pas logique dans ce film, mais l ’idée du film, son énergie, et le talent des acteurs (Cameron Diaz, méconnaissable, est époustouflante!) en font un film phare du cinéma indépendant américain face aux productions calibrées des majors.

Et nous, on en redemande!

     
 

Princesse Mononoke ***** de Hayao Miyazaki ( 1997 ; 2h15 )

Le dessin animé de Hayao Miyazaki est une petite merveille !

Petite ? Pas tout à fait, à en juger par la longueur de cette animation, 2 h15, qui nous tient en haleine sans difficulté.

Mon voisin Totoro, le dernier film d'animation de Miyazaki

Dans Princesse Mononoke, on se replonge en plein Japon médiéval, sous l’ère Muromachi ( 1333-1568). Ne cherchez pas un exotisme bouddhique, mais plutôt une redécouverte des esprits, une mythologie de la nature.

L'histoire est celle d’un jeune prince d’une tribu ancienne et isolée du reste du Japon impérial. Son village est frappé par une force mystérieuse, un démon animal à la forme d’un sanglier gigantesque, couvert de vers. C’est un ancien dieu animal pris au piège d’une force maléfique. Ashitaka le tue, mais dans le combat, son bras est blessé par le monstre : une affreuse cicatrice marron est la preuve de sa malédiction. Il est condamné à souffrir, et à mourir d’une lente agonie.

Pour conjurer le sort, il fuit de son village vers une forêt inexplorée, où règne le Dieu cerf, l’esprit de la nature, de la vie , de la mort, mais aussi capable de guérisons miraculeuses.

Le voyage lui fait découvrir des personnages divins, tels les Kodamas, petits esprits de la forêts qui balancent leur tête d’une manière irrésistible tout en accompagnant les étrangers dans les bois, ou encore Moro, la déesse louve, mère adoptive d’une jeune humaine, la princesse Mononoke, ce qui signifie " princesse des spectres ".

Pas d’histoire d’amour entre cette dernière et Ashitaka, puisque la jeune fille se croit louve, déteste donc les humains, et que le jeune homme se croit maudit. Et puis, pas le temps pour une idylle car le temps presse : la forêt est menacée par les humains, au premier rang desquels dame Eboshi. C’est l’un des personnages les plus intéressants de l’histoire. Elle mène une campagne de défrichement pour mieux assurer l’approvisionnement en fer de sa forge. Elle supervise la fabrication d’armes à feu pour asseoir son pouvoir vis-à-vis des dieux de la forêt et de ceux du shogun et du Mikado, l’empereur. Mais finalement, l’histoire est surtout celle de deux femmes qui s’affrontent, deux humaines, Mononoke, et Eboshi, pour le sort de la forêt : Eboshi veut détruire les Dieux pour qu’ils redeviennent des animaux inoffensifs, ce qui à terme pacifie la région, alors que Mononoke veut maintenir cette mythologie de la nature coûte que coûte, car c’est elle qui lui a donné cette identité de fille louve. Entre ces deux femmes, la mission d’Ashitaka est de ramener tout le monde à la raison, et de mettre fin à la guerre qui opposent les loups, singes et sangliers d’une part, et les hommes d’autre part.

La force de l’histoire, et cela est remarquable pour un dessin animé, est d’éviter une simplification des traits psychologiques, et donc de montrer les divisions internes des clans : chez les hommes, Eboshi, à la tête d’une troupe de femmes, anciennes prostituées railleuses formées au travail de la forge et au maniement des armes à feu, s’oppose au pouvoir seigneurial et impérial, représenté par des hommes ; chez les animaux, c’est Mononoke qui a ce rôle, mais elle n’y parvient que grâce à l’appui de l’influente Moko, sa mère la déesse louve, et aussi à la domination bienfaitrice du Dieu cerf.

On le voit, l’histoire a la complexité requise pour faire de ce dessin animé un vrai film pour petits et grands. Un film, donc, mais un film avec la force du dessin. La nature y est grandiose. Evidemment, c’est un manga, et donc, oui, les visages ont tendance à se ressembler, mais c’est le paysage qui donne sa force au film. Dès les premières secondes, c’est saisissant ! Les montagnes sont comme photographiées ! Et pourtant, oui, ce sont bien des dessins ! et même des images magnifiées, dignes héritières des estampes japonaises.

A ceux qui ont toujours été agacés par le manque de finesse des mangas, il est temps de changer d’avis ! Princesse Mononoke vaut largement Walt Disney, et même…Les dessins de la nature, aux détails innombrables, font de ce film une petite merveille de poésie.

Ashitaka

le site officiel : www.princessemononoke.com

Quoi ? Vous n’êtes toujours pas en train de courir voir ces films ?!

Mais dépêchez vous !… ;-)

  •